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Présentation du modèle "Récupérathèque"

Une Récupérathèque est un espace coopératif dédié à l’échange de matériaux de réemploi au sein d’une communauté de créateurs, fonctionnant avec sa propre monnaie et qui a pour ambition de promouvoir un modèle économique soutenable basé sur la gouvernance partagée, la solidarité et le lien social.

Les objectifs d’une Récupérathèque sont de favoriser la durabilité (en fournissant des matériaux de réemploi pour tous, en revalorisant les déchets), la solidarité (en permettant aux étudiant·e·s de réduire drastiquement leurs coûts d’acquisition de matériaux), et de créer du lien social (en mettant en place une économie ultra-locale de volontaires échangeant des matériaux, en étant un lieu d’apprentissage et de conseils techniques, en créant un lieu physique de passage et d’échanges entre les adhérents, etc.).

Un des éléments essentiels du modèle est que les matériaux peuvent seulement être acquis avec la monnaie  de la Récupérathèque, qui n’est pas convertible contre de la monnaie réelle. Dès lors, afin d’acquérir de la monnaie pour acheter des matériaux de réemploi, l’étudiant·e peut collecter des matériaux, ou rendre des services à la Récupérathèque. Cette monnaie est donc en quelque sorte la clef de voûte du fonctionnement d’une Récupérathèque : en permettant de mettre chacun sur un pied d’égalité, elle offre une plus grande convivialité. En outre, elle pérennise l’association dans le temps et permet de disposer d’assez de main-d’oeuvre pour une répartition des tâches équilibrée.

Quant à son organisation, la Récupérathèque est gérée par un bureau d’une quinzaine de personnes, mais l’essentiel de son fonctionnement quotidien repose sur le travail d’étudiant·e·s adhérent·e·s qui apportent leurs services et des matériaux à la Récupérathèque, rémunérés en monnaie locale.

récolte de matériaux

Les matériaux disponibles dans le magasin proviennent d’anciens projets d’étudiant·e·s qui ont été démontés, d’entreprises et d’institutions culturelles extérieures aux écoles, etc. Les récoltes s’effectuent dans deux périmètres, tout d’abord celui de l’institution (le flânage), et ensuite à l’extérieur, dans un rayon maximum de 15 km (le glanage).

Le flânage est prioritaire dans les récoltes car l’objectif est d’exploiter au maximum les ressources qui sont déjà présentes au sein de l’école et de fonctionner en circuit le plus court possible. Dans ce but, des avis de passage sont disposés sur des matériaux ou d’anciennes pièces qui semblent abandonnées. Il permet de gagner de l’espace au sein de l’école et de prévenir des catastrophes possibles lors des rangements d’urgence et souvent brutaux de vacances et de fin d’année.

Le glanage permet parfois d’apporter des matériaux de réemploi de meilleure qualité, des matériaux non présents à l’école, ou de plus grandes dimensions, plus rares, plus précieux, etc. Il s’effectue grâce à des partenariats établis entre les glaneurs et des entreprises ou des institutions culturelles.

Utilisateurs

Qui peut acheter des matériaux dans une Récupérathèque ?

Pour acheter des matériaux, il faut avoir adhéré à la Récupérathèque. Peuvent être adhérent·e·s tous les membres et anciens membres de l’école, ainsi que (plus exceptionnellement) tous les amis ou voisins de la communauté de l’École.

Attention, les personnes extérieures à l’école ne peuvent toutefois pas rendre de services à la Récupérathèque car ils ne sont pas assurés en cas d’accident.

Photo : Utilisateurs d'une Récupérathèque

Gouvernance Partagée

La gestion d’une Récupérathèque est très prenante, la répartition des tâches dans des rôles bien définis est essentielle pour un bon fonctionnement de l’association. Cela permet d’alléger au maximum l’investissement de chaque volontaire.

La Récupérathèque est gérée par un bureau. Celui-ci est composé idéalement d’une quinzaine de personnes dynamiques et volontaires issues d’horizons variés. Les différents rôles de ce bureau sont graphistes, glaneurs, flâneurs, communicants, coordinateurs, trésoriers, secrétaires, designers, sensibilisateurs, porte-parole à la Fédération.

Le bureau est choisi chaque année à l’issue d’une élection sans candidat. Les membres du bureau organisent leurs discussions et prises de décision en s’inspirant des méthodes d’intelligence collective, par exemple en formant un cadre de discussion, en adoptant la pratique du cercle, en ayant un.e facilitateur.trice et un.e secrétaire, un temps d’ancrage, en faisant un tour de météo, en appliquant le processus d’élection sans candidat, etc. L’objectif de ces méthodes est que chacun puisse s’exprimer sur les différents thèmes abordés de manière structurée, sans frustration et dans un cadre bienveillant. 

La Fédération encadre et conseille les Récupérathèques dans la pratique de ces méthodes de gouvernance partagée.

Monnaie alternative ultra-locale

Une monnaie alternative propre au magasin est instaurée pour échanger des matériaux ou des services rendus à la Récupérathèque par les étudiants·e·s adhérents·e·s. La monnaie alternative ne s’échange pas contre de la monnaie réelle, ce qui permet une plus grande équité entre les adhérents : en effet, les différences de pouvoir d’achat ne peuvent avoir un impact sur la capacité à acquérir des matériaux.

En préalable à tout échange, il faut adhérer à la Récupérathèque. Cette adhésion donne automatiquement droit à un solde de base de cette monnaie.

La Récupérathèque fonctionne grâce à un système économique ultra-local dont les prix sont fixés par rapport aux prix du marché de l’économie conventionnelle. La Récupérathèque est responsable du paiement des « salaires » des adhérent·e·s et de la création monétaire, mais elle peut néanmoins déléguer certaines tâches à d’autres organisations offrant des services au sein de l’école hôte. Il peut s’agir par exemple d’une friperie ou d’un atelier de cuisine qui sert des plats à base d’invendus.

Dessin monnaie alternative

Avantages de cette monnaie 

  • Garantir l’équité entre tous les adhérent·e·s
    Au-delà d’assurer une égalité socio-économique entre étudiant·e·s (en raison de la non-convertibilité en monnaie réelle), la monnaie permet d’ouvrir la Récupérathèque à tous les étudiants de l’école, sans distinction entre les personnes en raison de phénomènes de copinage ou d’affinités personnelles. Elle permet de donner une valeur la moins subjective et aléatoire possible sur les matériaux échangés.
  • Redonner de la valeur à des rebuts
    La monnaie permet de redonner de la valeur à un matériau tombé en désuétude en la reconsidérant à nouveau comme une ressource précieuse, et qui a donc un prix ! Tout cela contribue à l’objectif essentiel de lutter contre le gaspillage de matériaux.

 

  • Inciter à l’échange et au réemploi
    La monnaie crée un cercle vertueux dans l’enceinte d’une école. En effet, l’échange ultra-local de matériaux permet de limiter les coûts de transport.  À son tour, cet échange ultra-local engendre une stimulation de la création et de l’émulation collective grâce à des ressources accessibles et bon marché. Enfin, cette émulation collective incite à une mise en commun des ressources de chacun, et permet d’éviter le “syndrome de l’écureuil”. 
  • Inciter à la coopération
    La monnaie permet le paiement de services coopératifs rendus par les adhérents, et donc incite à une collaboration de chacun au bon fonctionnement du projet.

Manières d’acquérir la monnaie

  1. En léguant à la Récupérathèque des matériaux dont les adhérent·e·s membres n’ont plus l’usage, qu’ils ont trouvé, glané, etc. Ceux-ci seront évalués par un membre du bureau sur base d’un système adopté par la Récupérathèque, et échangés contre un montant en monnaie ultra-locale.
  2. En rendant service à l’association. Régulièrement l’association a besoin d’aide pour le glanage, le flânage, les démontages, le rangement du lieu, les permanences, ou toutes autres missions. La rémunération de base est de 5 unités de monnaie ultra-locale par demi-heure de travail.

    Au vu de l’implication importante des membres du bureau (souvent bien plus que 10 heures de travail par mois), ils reçoivent une allocation de 100 unités de monnaie, non cumulable de mois en mois.

Prix x Poids x Etat

Évaluer le prix d’un matériau

La formule pour évaluer le prix d’un matériau est la suivante :
Un prix au kilo est établi pour chaque matériau. Pour déterminer le prix d’achat d’une pièce, on multiplie ce prix par la quantité achetée (en kg, m², m, l,…) ainsi que par un coefficient lié à son état :

  • Comme neuf (x 1) – Matériau jamais utilisé. Pas de coups ou de trous, pas de peinture. La taille du matériau doit lui permettre d’être divisé à nouveau.
  • Bon état (x 0,8) – Petits trous pouvant être rebouchés, légères traces de peinture pouvant être poncées. Format tronqué.
  • État moyen (x 0,6) – Le matériau est encore assemblé (soudé, vissé, etc), présente des traces importantes ou gênantes pour une utilisation ultérieure.
  • Mauvais état (x 0,4) – Le matériau est assemblé et son démontage est impossible. Il présente de nombreuses marques, traces, trous sur des zones étendues.

La Web app Récupérathèque permettra à terme de calculer automatiquement le prix d’achat suggéré de chaque pièce lors de son encodage.

Les avantages du modèle

Quels sont les avantages du modèle « Récupérathèque » par rapport aux autres modèles de réemploi ?
Quels sont les impacts qu’une école et ses étudiants peuvent attendre de la création d’une Récupérathèque ?

  • Réduire la production de déchets

    Avec une Récupérathèque, une économie circulaire se met en place dans l’établissement. Les “déchets” des uns deviennent les ressources des autres, ils sont revalorisés par les nouveaux circuits courts de l’économie locale générée par la Récupérathèque.

  • Sensibiliser à l’impact environnemental de la création

    La création artistique peut avoir un impact non négligeable sur l’environnement, en fonction du type de matériau utilisé et de la manière dont on l’utilise. Une Récupérathèques proposant des matériaux de réemploi induit naturellement une réflexion sur cet impact environnemental, renforcée par les campagnes thématiques de sensibilisation mises en place par la Fédération des Récupérathèques.

  • Innover par le réemploi

    L’investissement dans une Récupérathèque permet de prendre conscience que le type d’assemblage des matériaux a un impact sur la possibilité de les revaloriser et de les réutiliser. C’est à travers cette volonté de prolonger la durée de vie des matériaux que se mettent en place des réflexes d’éco-conception, qui engendrent à leur tour de nouvelles manières de créer. En outre, créer avec des matériaux de réemploi introduit une dimension d’aléa qui génère des formes parfois inattendues, surprenantes. Pour ces raisons, le réemploi est également une source d’innovation et de créativité.

  • Éviter l’encombrement des espaces

    Le modèle “Récupérathèque” permet également de lutter contre l’encombrement des espaces, un problème majeur dans les écoles de création (qui peut aller jusqu’à causer des problèmes de sécurité). Au lieu d’accumuler des matériaux pour un éventuel usage ultérieur, les étudiants peuvent les céder au magasin en échange d’une quantité de la monnaie ultra-locale, qui leur permettra d’acquérir d’autres matériaux à l’avenir.De plus, grâce à un système d’ »avis de passage » apposés sur les matériaux encombrants abandonnés, les flâneurs de la Récupérathèque peuvent facilement contribuer à désencombrer les espaces de l’école. À partir de l’apposition de l’avis de passage, le propriétaire dispose d’un mois pour se manifester, à défaut de quoi le matériau sera considéré comme abandonné et récupéré par la Récupérathèque.

  • Créer du lien social et favoriser la transversalité pédagogique

    Une Récupérathèque permet également de créer du lien social, et de décloisonner les différents groupes au sein de l’école. En effet, grâce à son modèle participatif, le magasin devient un lieu où tout le monde se retrouve et échange sur sa pratique par l’intermédiaire des matériaux. Les barrières entre les âges et les orientations tombent, ce qui crée un terreau fertile pour la mise en place d’une dynamique sociale au sein de l’école.

  • Réaliser des économies

    Avantage non négligeable, une Récupérathèque permet de réaliser des économies substantielles sur l’acquisition de matériaux. Dans notre expérience, les étudiants peuvent économiser jusqu’à 1800 euros par an par étudiant selon leur degré de recours aux services de la Récupérathèque, ce qui favorise l’accessibilité des études d’art. De plus, l’école peut également réaliser des économies, et minimisant le coût de traitement de ses déchets.

  • Offrir une matière première secondaire de proximité

    La proximité des matériaux avec les lieux de fabrication dans l’école facilite non seulement l’accès à des matériaux pour les étudiants, mais permet également de réduire le transport de ces matériaux.

  • Favoriser l’expérimentation sociale et économique

    Le modèle “Récupérathèque” permet d’expérimenter un autre modèle d’échanges non marchands, qui créée de la solidarité et vise la durabilité. La monnaie alternative simplifie l’échange de services et de matériaux, et crée véritablement de la valeur. Non seulement parce que donner un prix contribue à revaloriser les matériaux, mais aussi parce que la création monétaire permet d’augmenter le nombre d’échanges locaux. La valeur totale de cette dynamique sociale et économique dépasse la valeur quantitative en monnaie conventionnelle des matériaux stockés à la Récupérathèque à un moment donné. De plus, les échanges de biens et de services se font dans une structure vivante non pyramidale, où l’intelligence collective prime. En effet, la Récupérathèque se crée et s’adapte – sans en changer les valeurs et principes fondamentaux – en permanence en fonction des publics étudiants et leurs pratiques et des compétences propres à chaque membre du bureau.

  • Ouvrir l’école sur l’extérieur

    Par le glanage, les étudiants établissent des partenariats avec des entreprises proches de l’école pour y collecter leurs déchets de productions. Cela permet de professionnaliser les étudiant·e·s, mais cela permet également à l’école d’établir des liens privilégiés avec des acteurs du territoire.

  • Réduire la production des déchets

    Avec une Récupérathèque, une économie circulaire se met en place dans l’établissement. Les “déchets” des uns deviennent les ressources des autres, ils sont revalorisés par les nouveaux circuits courts de l’économie locale générée par la Récupérathèque.

  • Sensibiliser à l’impact environnemental de la création

    La création artistique peut avoir un impact non négligeable sur l’environnement, en fonction du type de matériau utilisé et de la manière dont on l’utilise. Une Récupérathèques proposant des matériaux de réemploi induit naturellement une réflexion sur cet impact environnemental, renforcée par les campagnes thématiques de sensibilisation mises en place par la Fédération des Récupérathèques.

  • Innover par le réemploi

    L’investissement dans une Récupérathèque permet de prendre conscience que le type d’assemblage des matériaux a un impact sur la possibilité de les revaloriser et de les réutiliser. C’est à travers cette volonté de prolonger la durée de vie des matériaux que se mettent en place des réflexes d’éco-conception, qui engendrent à leur tour de nouvelles manières de créer. En outre, créer avec des matériaux de réemploi introduit une dimension d’aléa qui génère des formes parfois inattendues, surprenantes. Pour ces raisons, le réemploi est également une source d’innovation et de créativité.

  • Éviter l’encombrement des espaces

    Le modèle “Récupérathèque” permet également de lutter contre l’encombrement des espaces, un problème majeur dans les écoles de création (qui peut aller jusqu’à causer des problèmes de sécurité). Au lieu d’accumuler des matériaux pour un éventuel usage ultérieur, les étudiants peuvent les céder au magasin en échange d’une quantité de la monnaie ultra-locale, qui leur permettra d’acquérir d’autres matériaux à l’avenir. De plus, grâce à un système d’ "avis de passage" apposés sur les matériaux encombrants abandonnés, les flâneurs de la Récupérathèque peuvent facilement contribuer à désencombrer les espaces de l’école. À partir de l’apposition de l’avis de passage, le propriétaire dispose d’un mois pour se manifester, à défaut de quoi le matériau sera considéré comme abandonné et récupéré par la Récupérathèque.

  • Créer du lien social et favoriser la transversalité pédagogique

    Une Récupérathèque permet également de créer du lien social et de décloisonner les différents groupes au sein de l’école. En effet, grâce à son modèle participatif, le magasin devient un lieu où tout le monde se retrouve et échange sur sa pratique par l’intermédiaire des matériaux. Les barrières entre les âges et les orientations tombent, ce qui crée un terreau fertile pour la mise en place d’une dynamique sociale au sein de l’école.

  • Réaliser des économies

    Avantage non négligeable, une Récupérathèque permet de réaliser des économies substantielles sur l’acquisition de matériaux. Dans notre expérience, les étudiants peuvent économiser jusqu’à 1800 euros par an et par étudiant selon leur degré de recours aux services de la Récupérathèque, ce qui favorise l’accessibilité des études d’art. De plus, l’école peut également réaliser des économies, en minimisant le coût de traitement de ses déchets.

  • Offrir une matière première secondaire de proximité

    La proximité des matériaux avec les lieux de fabrication dans l’école facilite non seulement l’accès à des matériaux pour les étudiants mais permet également de réduire le transport de ces matériaux.

  • Favoriser l’expérimentation sociale et économique

    Le modèle “Récupérathèque” permet d’expérimenter un autre modèle d’échanges non marchands qui créée de la solidarité et vise la durabilité. La monnaie alternative simplifie l’échange de services et de matériaux et crée véritablement de la valeur. Non seulement parce que donner un prix contribue à revaloriser les matériaux, mais aussi parce que la création monétaire permet d’augmenter le nombre d’échanges locaux. La valeur totale de cette dynamique sociale et économique dépasse la valeur quantitative en monnaie conventionnelle des matériaux stockés à la Récupérathèque à un moment donné. De plus, les échanges de biens et de services se font dans une structure vivante non pyramidale, où l’intelligence collective prime. En effet, la Récupérathèque se crée et s’adapte – sans en changer les valeurs et principes fondamentaux – en permanence en fonction des publics étudiants et de leurs pratiques et des compétences propres à chaque membre du bureau.

  • Ouvrir l’école sur l’extérieur

    Par le glanage, les étudiants établissent des partenariats avec des entreprises proches de l’école pour y collecter leurs déchets de productions. Cela permet de professionnaliser les étudiant·e·s, mais cela permet également à l’école d’établir des liens privilégiés avec des acteurs du territoire.